Cimetière de verre

Cimetière de verre

Mélanie Aubin et Valérie Lecomte IOS Services Géoscientifiques

Ces silhouettes fantomatiques sont des vestiges de microalgues, les diatomées. Le spécimen en bleu, de type Pleurosigma sp., est rarement observé en entier dans les échantillons de sédiments provenant des lacs du Nord québécois. D’une remarquable symétrie, cette microstructure est en fait le squelette externe de l’organisme, composé de silice. Les diatomées sont présentes dans presque tous les milieux aquatiques, et se retrouvent donc systématiquement dans les analyses sédimentaires. Pour réaliser cet examen, une fois séchés et tamisés, les sédiments sont saupoudrés sur un ruban adhésif de carbone afin d’être scrutés au microscope électronique. L’analyse permet, entre autres, d’étudier la répartition des métaux dans les sédiments de lacs. (Largeur de la diatomée principale : 186 micromètres.- Microscope électronique à balayage, en mode électrons rétrodiffusés.) - photo issue du Concours La preuve par l'image 2016 -

Peut-on utiliser les réseaux sociaux pour diffuser les sciences ?

Les réseaux sociaux… Que l’on en soit utilisateur ou non, nous ne pouvons pas les ignorer. Twitter, Facebook, Instagram, Snapchat, YouTube… Sont-ils seulement des passe-temps très chronophages ? Peuvent-ils être des dispositifs de communication scientifique ?

Pourquoi utiliser les réseaux sociaux pour diffuser les sciences

Lutter contre les « Infox »

Si nous entendons autant parler d’« Infox » aujourd’hui, c’est parce que leurs créateurs ont parfaitement compris l’intérêt des réseaux sociaux. Ces outils sont populaires, très présents, mais aussi très chronophages. Ce dernier point revêt une grande importance, car les utilisateurs se retrouvent souvent submergés de nouvelles et ne se contentent donc parfois que d’un titre accrocheur (le fameux « putaclic ») et d’une jolie image relayant au final des informations parfois fausses (voir les études en anglais du MIT de mars 2018).

Les acteurs du monde scientifique peuvent vestir les réseaux sociaux pour faire barrages à toutes ces fausses nouvelles. Ils doivent utiliser les mêmes codes et outils afin de sensibiliser les publics et leur apprendre à se méfier. Les réseaux sociaux peuvent être l’un des premiers terrains d’apprentissage à l’esprit critique. L’Université McGill de Montréal l’a bien compris et a réalisé une vidéo avec les mêmes codes que les fausses nouvelles médicales, afin de sensibiliser les internautes à cette pratique (voir ici).

Un véritable intérêt pour la communication scientifique

Les réseaux sociaux permettent aux participants de congrès de collaborer. Ils facilitent les façons de commenter, voire de compléter, une présentation. De plus en plus de personnes peuvent donc participer, même celles qui ne sont pas physiquement présentes (en utilisant le # officiel du congrès, ou #Research ou encore #Conference).

Les réseaux sont également de plus en plus utilisés pour réaliser des études ou des enquêtes sur des publics très différents. Kevin Fauvre, le cocréateur de la chaîne Balade Mentale, a notamment lancé récemment une étude afin de chiffrer précisément les conditions de travail du métier de médiateur scientifique pour mieux le comprendre et mieux le défendre.

Enfin, ils sont un bon moyen pour montrer la science « en train de se faire ». Le compte Twitter @EnDirectDuLabo permet de faire découvrir les coulisses de la recherche. Chaque semaine, un nouveau scientifique présente ses travaux et sa façon de travailler, ce qui permet de démystifier la recherche et les scientifiques puis de montrer la diversité des laboratoires et des sujets. Quant au compte @ComSciComCa, il est orienté pour permettre à tous les passeur.se.s de sciences de présenter leurs missions.

D’une bonne utilisation des réseaux sociaux pour transmettre des connaissances

Comment bien utiliser les réseaux sociaux

En juin dernier, la Fête de la Science a diffusé plusieurs formations vidéo pour apprendre à bien utiliser les réseaux sociaux dans le but de transmettre des connaissances.

La première question à se poser, c’est comment faire participer les publics ? C’est là qu’intervient ce fameux concept d’« engagement » qui traduit l’interaction que les publics auront avec les publications : likes, partages et commentaires. Comment obtenir ces interactions ? Quels types d’interaction veut-on obtenir ?

Une chose importante à noter, c’est qu’il ne faut pas confondre les réseaux sociaux avec les médias de masse. Au contraire, il faut les utiliser pour apprendre à connaître les publics. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Il faut chercher à les comprendre. De cette manière les réseaux sociaux deviennent de véritables « tiers-lieux » de médiation scientifique.

Différents réseaux sociaux pour différents publics

Aujourd’hui, il existe des réseaux sociaux très variés— pour autant, ils n’ont pas tous les mêmes objectifs et ne ciblent pas les mêmes publics.

Pour mon blogue La Science En Passant, j’utilise tout autant Facebook et Twitter que LinkedIn. Cependant, les publics étant différents, j’essaie d’adapter mon discours. Normalement, sur Facebook et LinkedIn, il est recommandé de ne pas afficher plus d’une publication par jour, mais c’est vrai que je ne respecte pas toujours cette règle… J’ai tendance à relayer les articles et actualités que je découvre en faisant ma veille. De même sur Twitter, où je suis très présente et rebondis souvent sur des tweets lorsqu’ils sont liés à l’un de mes articles de blogue. Certes, ce n’est peut-être pas très orthodoxe, mais j’ai malgré tout réussi à me créer une petite communauté qui suit, like et commente mes publications. Une bonne façon de susciter des échanges !

Snapchat et Instagram sont plutôt tournés vers les jeunes de 15 à 25 ans. Ils permettent de diffuser des informations en direct (le CNRS et le CNES sont sur Snapchat et Instagram). En revanche, il n’y a pas d’approfondissement de contenu. Ils serviront surtout à montrer les coulisses d’un laboratoire ou d’une manifestation.

Donc oui, les réseaux sociaux sont un outil puissant pour la communication scientifique. Cependant, il est important de s’adapter aux publics et de les accompagner afin qu’ils gardent un esprit critique sur ce qu’ils y lisent.