Incendie volontaire

Incendie volontaire

Tanja PELZMANN Polytechnique Montréal

Légers et robustes, les matériaux composites sont largement utilisés en aéronautique. Alors que leurs fibres de carbone résistent bien au feu, comme sur cette image, les résines de synthèse s’enflamment plus facilement. À l’aide d’un banc d’essai à petite échelle, on peut comprendre ce complexe processus de combustion et ses impacts sur les propriétés mécaniques des matériaux. (Image non retouchée en lumière naturelle; Nikon D750) - photo issue du Concours La preuve par l'image 2018 -

Conseils des gagnantes du concours international MT180

Conseils des gagnantes de la finale internationale du concours de vulgarisation scientifique « Ma thèse en 180 secondes » 2017 et 2018 : Marielle Agbahoungbata (Université d’Abomey-Calavi, Bénin) et Geneviève Zabré (Université Ouaga 1 Professeur Joseph Ki-Zerbo, Burkina Faso).

 

Question 1 : Avez-vous déjà essayé de vulgariser votre projet de recherche auprès de votre famille ? Qu’est-ce qui a constitué le plus gros défi ?
Geneviève Zabré (G.Z.) : Oui, le plus gros défi a été de leur faire comprendre que l’animal que j’étudie, le mouton, comme tous les autres ruminants, rote du méthane dans l’atmosphère. Dès qu’ils ont compris cela, vulgariser la solution à laquelle j’avais pensé dans ma thèse a été facile.
Marielle Agbahoungbata (M.A.) : Oui, ma famille a été ma première cible pour vulgariser ma thèse. Le plus gros défi a été d’expliquer le fonctionnement de mon matériel de travail. Ma thèse portait sur l’élaboration de matériaux photocatalyseurs. Expliquer pourquoi on les appelle « photocatalyseurs » et dire comment cela fonctionne m’a donné beaucoup de sueurs. La soif de comprendre de ma famille m’a aidée à trouver une bonne formule.

Question 2 : Quel conseil donneriez-vous pour vulgariser sa recherche scientifique ?
G.Z. : Trouver une formule simple pour que le public puisse aisément comprendre la démarche méthodologique et le sujet de recherche.
M.A. : Je conseille d’utiliser un langage vulgarisé, accessible au plus grand nombre.

Question 3 : Après avoir gagné MT180, comment percevez-vous la communication scientifique ?
G.Z. : Le concours Ma thèse en 180 secondes a été pour moi, comme je l’ai toujours dit, une occasion de formation et d’apprentissage. Je crois que chaque scientifique devrait passer par cette école pour avoir les outils indispensables à une bonne communication.
M.A. : Je pense que la communication scientifique est un outil important grâce auquel le chercheur peut transmettre sa passion et mettre en lumière ses travaux. Cela lui permet aussi de se faire une place dans notre monde contemporain d’information et de communication. Communiquer ses travaux est également un moyen de transmettre des savoirs pour faire des ponts entre différentes disciplines scientifiques.

Question 4 : Pensez-vous que les chercheurs communiquent suffisamment leurs résultats ?
G.Z. : Malheureusement non, surtout dans nos pays en développement. Mais je crois qu’aujourd’hui cette façon de « ranger les résultats dans les tiroirs » est en train de disparaître petit à petit. Car beaucoup de chercheurs ont compris que les résultats n’ont de sens que s’ils sont vulgarisés et appliqués par les bénéficiaires.
M.A. : Je pense que, dans le milieu scientifique, les chercheurs communiquent leurs résultats. En témoignent les milliers d’articles publiés dans les revues scientifiques chaque année, le nombre croissant de conférences, séminaires, colloques, etc., partout dans le monde. Cependant, la communication vulgarisée de résultats scientifiques destinée au grand public n’est pas suffisante.

Question 5 : Qu’est-ce que ça changerait, un monde de la recherche qui communiquerait plus ses résultats ?
G.Z. : Je pense que ça changerait les habitudes de vie des populations.
M.A. : Ceci permettrait de transmettre davantage les savoirs, d’éclairer l’opinion publique sur bien des problématiques de notre monde et, de ce fait, susciter des vocations. Je crois que plus la société est éclairée, mieux le monde se portera.

Question 6 : Quelles ont été vos sources de motivation pour participer au concours MT180 ?
G.Z. : En participant au concours MT180, je voulais savoir comment vulgariser mon travail de recherche à un monde non scientifique. Donc, apprendre les outils de communication et de vulgarisation.
M.A. : J’ai participé à MT180 d’abord parce que j’aime communiquer. Ensuite, parce qu’à mon avis c’est le devoir du chercheur d’expliquer ce qu’il fait à ses compatriotes, mais aussi une occasion qui lui est offerte de vendre son projet pour trouver des financements de recherche. Enfin, MT180 était trop excitant pour moi : pouvoir exposer à la face du monde les résultats de mes travaux menés dans un petit coin du Bénin, c’était IRRÉSISTIBLE !

Question 7 : Quelles initiatives, autres que MT180, connaissez-vous qui encouragent la communauté scientifique à vulgariser ses résultats ?
G.Z. : Il y a les conférences, les journées scientifiques, les séminaires de formation, etc.
M.A. : Je connaissais l’émission de télé française C’est pas sorcier, une excellente émission de vulgarisation scientifique et dont le concept continue aujourd’hui sous le nom de L’esprit sorcier. Cependant, l’esprit de compétition que revêt MT180 la rend particulièrement intéressante en ce sens qu’elle amène le chercheur à trouver lui-même les outils adéquats pour vulgariser son projet.

Question 8 : Après avoir participé à MT180, avez-vous vu un changement de perception de votre entourage concernant votre travail de recherche ?
G.Z. : J’ai fait pas mal d’entrevues dans les médias, j’ai même reçu une offre d’emploi, mais j’ai préféré opter pour l’université afin d’encourager d’autres filles à se lancer dans le domaine de la recherche. Un monde encore masculin. Il n’y a pas eu de grand changement du côté de mon entourage, car ils ont toujours apprécié ma passion pour la recherche.
M.A. : Oui, mon entourage comprend mieux ce que je fais et à quoi je sers (rires). On me taquine souvent en me demandant là où j’en suis avec Bigman (surnom que j’ai donné au matériau photocatalyseur que j’étudie).

Visionner les capsules vidéo de la finale internationale MT180 :
Geneviève Zabré : Premier prix du jury – Finale internationale 2018
Marielle Agbahoungbata : Premier prix du jury – Finale Internationale 2017