Attention, plancton mortel!

Fatma Dhifallah Institut des sciences de la mer de Rimouski (UQAR-ISMER)

Parmi le plancton qui dérive dans nos eaux, on trouve des espèces toxiques appartenant au genre Alexandrium. Le spécimen montré ici est « colorisé » d’une teinte écarlate rappelant les dangereuses marées rouges dont il peut être la cause (en vert, une bactérie). En 2008, ces tueuses microscopiques ont envahi l’estuaire du Saint-Laurent sur une superficie de 600 kilomètres carrés. Leur toxine paralysante a provoqué une hécatombe chez les poissons, les oiseaux marins, les phoques et les bélugas, et forcé la fermeture des bancs coquilliers. Pour éviter qu’une floraison toxique frappe l’Arctique canadien, où la pêche est vitale pour les populations, on effectue un suivi du plancton nuisible. (Taille du spécimen : 38 µm | Grossissement : 2500x | Microscopie électronique à balayage | Image colorisée) - photo issue du concours La preuve par l'image de l'Acfas édition 2021.

Comment identifier et réagir à la désinformation scientifique?

Avec la prolifération de sources d’information en ligne, il peut être difficile de distinguer les faits des opinions, les études rigoureuses des études biaisées, et les sources fiables des sources trompeuses. En tant que membres de la communauté scientifique, il est de notre responsabilité de prévenir et de corriger la désinformation, afin de promouvoir la compréhension et l’appréciation de la science. Dans cet article, nous allons examiner comment identifier et réagir à la désinformation scientifique.

La désinformation scientifique se réfère ici à toute information inexacte ou trompeuse qui est présentée comme étant scientifique. Elle peut prendre différentes formes, allant des affirmations infondées aux études biaisées, en passant par les théories du complot. Les conséquences de la désinformation peuvent être graves, allant des décisions individuelles basées sur des informations erronées à des effets sur la santé publique.

Comment s’assurer de ne pas partager de la désinformation?

L’un des moyens les plus efficaces pour lutter contre la désinformation scientifique est de développer des compétences en matière de littératie scientifique. Cela implique d’être en mesure de lire, de comprendre et d’évaluer les informations scientifiques de manière critique et réfléchie.

Le premier réflexe à adopter est de vérifier la source et la nature de l’information. S’agit-il d’une méta-analyse, d’une étude cas-témoin ou bien d’un avis de spécialiste? Plus la possibilité de biais est élevée, plus l’information est à prendre avec du recul. Les sources fiables incluent généralement les publications scientifiques revues par des pairs, les sites Web gouvernementaux et universitaires, et les sources d’information établies et respectées.

Ensuite, vérifiez la qualité de la recherche : les études bien conçues sont souvent menées avec un grand nombre de participant.e.s, avec un groupe de contrôle pour des comparaisons et des expériences en double aveugle. Les recherches menées par des scientifiques indépendant.e.s et non-influencé.e.s par des intérêts particuliers sont également plus fiables. En outre, il est important de comprendre la distinction entre la corrélation et la causalité. Parfois, deux événements peuvent sembler être liés, mais cela ne signifie pas nécessairement qu’ils ont une relation de cause à effet. Par exemple, il peut y avoir une corrélation entre la consommation de crème glacée et le nombre de noyades, mais cela ne signifie pas que manger de la crème glacée cause des noyades.

Prendre en compte le contexte dans lequel l’information est présentée permet de mieux la comprendre. Certaines personnes peuvent utiliser des tactiques rhétoriques trompeuses pour avancer des raisonnements fallacieux. Des exemples courants de ces techniques incluent les arguments ad hominem, les fausses dichotomies et les appels à l’émotion plutôt qu’à la raison. Les données peuvent également être présentées de manière incomplète ou biaisée pour appuyer une idée spécifique.

Enfin, il est important de ne pas se fier aux informations sensationnalistes ou alarmistes. Les informations exagérées ou qui prétendent être des « révélations choquantes » peuvent être des indicatrices de désinformation. N’oublions pas que le consensus scientifique se définit par de nombreuses recherches sur un même sujet.

 

Comment réagir à la désinformation en ligne?

Si vous pensez avoir trouvé de la désinformation sur internet, il est important de ne pas la relayer. Au lieu de partager un lien qui alimente l’algorithme, il vaut mieux prendre une capture d’écran, par exemple, et ajouter une explication pour la déconstruire.  Une autre mesure à prendre est de signaler les fausses nouvelles aux personnes concernées. Sur les réseaux sociaux, il est possible de signaler un contenu ou un compte comme étant de la désinformation. Les autorités compétentes peuvent également être contactées pour éviter les graves conséquences.

L’éducation est un autre moyen efficace de lutter contre la propagation de la désinformation. En prenant la parole sur la façon de détecter et de dénoncer les fausses nouvelles, nous pouvons aider notre public à développer un esprit critique et à renforcer leur résilience face à ces dernières. Ainsi, face à la prolifération des fake news, il devient d’autant plus crucial de multiplier les voix diffusant une science de qualité.

Enfin, si vous partagez accidentellement une information erronée, il est important d’être transparent.e et de reconnaître son erreur. Plutôt que de l’ignorer ou de tenter de la justifier, il vaut mieux la supprimer, s’en excuser et passer à autre chose. En admettant vos fautes et en démontrant votre volonté de les rectifier, vous renforcerez votre crédibilité et votre confiance auprès du public.