Veuve au tricot

Stéphanie Moreau UQAM - Université du Québec à Montréal

Cette veuve noire de l’ouest, ayant perçu des vibrations sur sa toile, se précipite pour en découvrir la source. Chez cette espèce, Latrodectus hesperus, certaines femelles sont plus agressives que d’autres, et cela se reflète dans l’architecture de leur toile. Ainsi, une araignée prompte à attaquer ses proies fera de sa toile un piège efficace en y intégrant de nombreux fils collants. À l’inverse, une femelle peu agressive tissera une toile défensive avec des fils bien ancrés au sol, plus aptes à stopper les prédateurs aériens. C’est ici une découverte étonnante de la chercheuse et de son équipe, qui étudient la personnalité animale (photographie numérique) - Image issue du concours 2023 La preuve par l'image de l'Acfas.

Utiliser des images : ce n’est plus une option!

Dans mon métier de communicateur scientifique, j’ai plusieurs fois eu (et je continue d’ailleurs) à retoucher des présentations et des affiches / posters de chercheur-ses. L’objectif étant de rendre le message véhiculé plus aisé à comprendre et attractif à travers ces outils de communication. Mais dans la majorité des cas, il s’est toujours présenté un véritable besoin en images, que ce soient des photos ou des illustrations. Et lorsqu’elles  ne manquent pas, les images mises à disposition par les chercheur-ses sont parfois de mauvaises qualités rendant ainsi difficile leur exploitation. Pourtant, ne dit-on pas qu’« une image vaut mille mots » ?

Même en sciences, cet adage a du sens. Car en matière de communication scientifique, les images sont très importantes. Plus que de simples souvenirs, elles sont des archives qui rendent visuellement compte de l’expérience vécue par les chercheur-ses. Elles facilitent la visualisation des faits et leur compréhension.

Le langage des images est commun à beaucoup de personnes; elles peuvent créer des émotions. Regardez cette image à gauche; est-ce que cette veuve noire vous laisse sans réaction? Et grâce aux émotions suscitées, des commentaires et discussions intéressantes peuvent être engendrées. Aussi, les images sont de véritables supports pédagogiques. Elles captent l’attention d’un auditoire sur des aspects clés du message à communiquer.

Pour la petite histoire

Je me souviens lors d’une enquête en vue de collecter des données. C’était pour l’élaboration de la stratégie de communication de lutte contre les maladies tropicales négligées à manifestation cutanée (comme la lèpre ou la gale). Les agents de santé communautaire étaient nombreux à demander des photos et des boites à images pour mieux connaitre les maladies et s’engager dans les actions de sensibilisation. Car les communautés sont plus réactives lorsqu’elles voient ces images plutôt que lorsqu’elles entendent des paroles qui parfois, leur sont difficiles à comprendre.

Pour une autre histoire

Je me souviens que j’avais à préparer un chercheur dans le cadre de la vulgarisation de ses travaux de recherche sur l’alimentation des primates. Grande fût ma surprise de constater qu’il n’y avait aucune photo illustrant cela. Il y avait plutôt quelques photos au labo analysant des aliments consommés par un certain type de primate. Mais c’était tout de même difficile de montrer le rapport entre ces images de laboratoire et les primates! Et, cela ne traduisait pas véritablement son expérience de terrain en matière de collecte de données. Quelques photos sur le terrain auraient tout changé; mais nous avons tout de même su adapter sa présentation.

 

Pour toutes les raisons précitées, faire et/ou utiliser des photos ne doit plus être une option pour un-e scientifique.

Si ce sont les compétences qui manquent, il est possible d’utiliser des images libres de droit. Voir les conseils RaccourSci à ce propos :

➡️ https://www.raccoursci.com/astuce/utilisation-illustrations-gratuites-wikimedia-commons/

Mais pour moi cela doit être la dernière option.

 

RaccourSci propose également des astuces pour faire soi-même ses images :

➡️https://www.raccoursci.com/ressource/vulgarisation-scientifique-importance-image/

 

À défaut, faites-vous accompagner par des spécialistes. À titre d’exemple, en 2021, face au coût de la vie en Côte d’Ivoire, un groupe de chercheur-ses avec qui je collabore a produit un document de vulgarisation. L’objectif de ce document était de partager aux décideur-ses et à certain-es citoyen-es des éléments de connaissance utiles à la prise de décision et au changement de comportements. En plus d’avoir été associé à la production dudit document, un dessinateur a été sollicité.

En intégrant la dimension image dans leur travail, les chercheur-ses aident à la constitution d’une banque d’images. Elle sera utile pour leur organisation et dans toutes les formes de communication, avec différents publics.

Et vous, avez-vous déjà débuté votre banque d’images en lien avec votre sujet de recherche ? Pensez-y dès maintenant!