Des neurones cultivés

Walid Idi Université Laval

Ce réseau de neurones humains est observé non pas à partir d’un cerveau, mais plutôt d’une boîte de Pétri. Il a été généré grâce à la différenciation de cellules progénitrices neurales. Devenus rapidement matures et fonctionnels, ces neurones, ayant les mêmes caractéristiques que les nôtres, permettent de mieux comprendre, par exemple, les mécanismes des maladies neurodégénératives. On peut aussi utiliser ce genre de modèle dans le cadre d’études en pharmacologie et en toxicologie pour évaluer les effets de médicaments. Même si nous sommes loin d’avoir ici un véritable cerveau, ce réseau neuronal représente un excellent modèle pour la recherche! (Grossissement: 40x | Microscopie confocale à fluorescence) - Image issue du concours 2023 La preuve par l'image de l'Acfas.

Peindre avec les mots

Depuis son invention il y a plus d’un siècle, la radio a toujours été un médium qui fascine. Un médium qui, par le pouvoir de la voix, captive, transcende nos esprits et stimule notre imagination. C’est pourquoi elle a toujours été un espace fertile à la diffusion des connaissances scientifiques. Dans un monde enrichi par les images et les vidéos, il est important pour les intervenant-es radiophoniques, de comprendre décrire une image sans support visuel.

L’alchimie de la radio

La radio fait appel en premier à notre sens de perception des sons, l’ouïe, puis en second lieu à de multiples processus mentaux complexes, qui, lors de l’écoute d’une émission radio ou d’une baladodiffusion, vont nous permettre de créer des images mentales à partir des mots que nous entendons. Pendant des millénaires, et bien avant l’apparition de l’imprimerie, la narration a été le premier vecteur de transmission du savoir. Cette capacité de l’esprit humain à imaginer et à visualiser est à la base de l’art de la narration radiophonique. C’est à partir de cela que l’alchimie opère!

 

Sciences et radio : un mariage parfait sans visuel?

Quel plus bel exemple que les chroniques scientifiques radiophoniques où la radio joue son rôle de vecteur d’information vers le public! Leur essence même est de permettre aux expert-es, tels que les chercheur-es, scientifiques, médecins, ingénieur-es et autres communicant-es, d’expliquer leurs découvertes et leurs connaissances de manière simple, accessible et captivante.

On peut ainsi passer de « La photosynthèse influence considérablement les cycles biogéochimiques » à « Bien que n’ayant pas de poumons, les plantes se maintiennent en vie en échangeant des gaz avec l’atmosphère grâce à la chlorophylle, cette substance qui leur donne leur couleur verte ».

Mais la transmission de la science sans éléments visuels peut être perçue comme un pari perdu d’avance. C’est là qu’intervient l’art de décrire une image, une technique, une expérience ou un concept.

 

L’image sonore

Lors d’une chronique scientifique radiophonique, chaque mot a un rôle essentiel et aucun n’est sélectionné au hasard. Ils sont pesés, auscultés, scrutés puis choisis avec soin afin de construire une description qui évoquera une image précise dans l’esprit de la personne qui écoute.

En parlant d’une expérience réalisée en laboratoire, le-la présentateur-trice doit utiliser des mots simples qui permettent à l’auditrice-teur d’imaginer des formes et des mouvements.

Au lieu de dire simplement « nous avons observé un réseau de cellules en mouvement constant sous le microscope à fluorescence », il est possible de dire « nous avons plongé dans un monde microscopique bleuté, où d’innombrables cellules vertes s’étendent comme des paysages mystérieux, avec leurs structures complexes et leurs mouvements incessants ».

Dans ce contexte, le-la communicateur-trice scientifique transporte l’auditrice-teur qui prendra alors part à son propre voyage, à une exploration visuelle, et écoutera pour mieux voir.

 

L’art de l’évocation

La description visuelle dans une chronique scientifique radiophonique est très importante. C’est là que se trouve la capacité à susciter un éveil ou un intérêt. En visualisant mentalement ce qui est décrit, l’auditeur-trice est enclin à écouter avec plus d’attention la chronique.

Cette immersion sensorielle en utilisant l’art de l’évocation permet de briser les barrières entre un sujet, qui au premier abord n’a peut-être aucun intérêt ou est trop complexe, et son public, en rendant la recherche scientifique plus accessible et attrayante.

 

Mémoire, émotion et engagement

En peignant par les mots une image, la radio crée également des souvenirs plus durables. Qui n’a jamais fait l’expérience de voir des images de son enfance remonter à la surface en entendant une musique associée précisément à ces années ou à un évènement vécu en ce temps ?

En associant une expérience auditive à une image mentale, les auditrice-teurs me semblent davantage plus susceptibles de se remémorer les informations clés. L’ajout d’émotions à travers la description visuelle renforce ainsi l’impact de la chronique, incitant non seulement les auditeurs-trices à s’engager davantage avec le contenu, mais aussi à se le rappeler plus facilement et à le partager avec leur entourage.

 

L’image visuelle, un complément à la radio?

Bien que la radio favorise la fabrication d’images mentales, elle ne doit pas être perçue comme un substitut à l’image visuelle. Au contraire, les émissions radiophoniques peuvent être vues comme un point de départ, un tremplin qui peut inciter les auditrice-teurs à rechercher davantage d’informations visuelles sur le sujet qui les intéresse. C’est pourquoi très souvent les chroniques de sciences peuvent servir de lien entre des concepts complexes et des éléments de langages visuels, comme des documentaires ou des vidéos scientifiques.