La preuve par l’image
Vous êtes chercheur-se et souhaitez parler de vos recherches avec une image? Engager le dialogue ou/et susciter un intérêt? Participer au concours La preuve par l’image? Voici quelques astuces…
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Le choix de l’image : « Une image vaut mille mots »
« Une pieuvre aux tentacules déchiquetées », « Un hélicoptère, comme ces graines attachées à un filament qui tombent au sol », « Des ailes de moustique déchirées », voilà quelques idées qui sont venues en tête à des élèves quand je leur ai montré cette image à gauche. Et vous qui me lisez, ça vous fait penser à quoi?
Car c’est bien de cela qu’il s’agit! À quoi votre image va-t-elle faire penser. Elle doit susciter la curiosité, l’intérêt des personnes qui vont la regarder. Faire travailler leur imaginaire. Alors, quelle émotion votre image va-t-elle créer? C’est la question que vous devez vous poser!
De l’infiniment grand à l’infiniment petit, tout est possible. Des techniques différentes (des microscopes, de simples téléphones intelligents, des télescopes etc.), de la couleur – ou pas, et aussi la possibilité de montrer des humain-e-s, mais toujours en ayant la volonté de susciter une émotion. Un exemple frappant ici.
Des questions sur le cadrage? Oui vous pouvez ne montrer qu’une partie de votre objet de recherche (exemple ici : plutôt que de montrer une éponge dans son intégralité, c’est un détail qui a été mis en image). Pour attirer l’attention sur un élément particulier dans un cadrage, on dit souvent qu’il faut le placer selon la règle des 2/3. Viviane Lalande (Scilabus) vous l’explique ici pour un écran vidéo.
Personnellement, j’aime beaucoup les images qui font appel à des émotions « positives ». Mais parfois, c’est très satisfaisant, si c’est bien placé, de jouer avec des émotions moins positives. Je me souviens (comme on dit ici au Québec) d’avoir préparé une exposition sur les croûtes de fromage vues sous microscope. Le dégoût de certaines personnes était ma carte d’entrée pour engager le dialogue.
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Le choix du titre : « On ne nous dit pas tout! »
Oui, le titre ne dit pas tout. Le titre n’est pas forcément un descriptif exact, au sens académique, de ce qui est vu. Il ne donne pas immédiatement la réponse… Court, percutant, il est là pour aiguiller vers la description, tout en jouant encore avec la curiosité, l’émerveillement et le questionnement. Faites encore un peu durer le suspense, donnez envie d’en savoir davantage.
Ne révélez donc pas immédiatement ce dont il s’agit. En 3 à 5 mots, soyez à la jonction entre la partie imaginaire (votre image) et la partie réelle, descriptive (votre texte descriptif). Et si vous êtes à l’aise, essayez-vous au jeu de mots, à l’humour – bien placé. L’utilisation de formes exclamatives ou interrogatives est possible, mais il n’y a rien d’obligatoire.
Regardez à nouveau l’image à gauche. Son titre, c’est « Médusant de performance ». Alors, oui, il y a ce mot « Médusant » qui pourrait faire penser à une méduse. Mais est-ce vraiment une méduse? Et ce mot « performance » qui donnerait une indication sur l’observation scientifique, mais nous n’avons pas encore la réponse…
Jouez avec quelques autres images de ce beau concours La preuve par l’image :
- Dans l’œil du zèbre – êtes-vous réellement en train de regarder un œil de zèbre?
- Vague paradisiaque – êtes-vous réellement en train de regarder une vague?
- Un champ de données – êtes-vous réellement en train de regarder un champ vu du ciel?
Si vous présentez votre image avec le titre que vous avez choisi, n’hésitez-pas à poser cette question à des personnes autour de vous : « Alors, maintenant que je te montre cette image AVEC le titre, à quoi cela-t-il pourrait te faire penser? ». En plus, il n’y a aucune mauvaise réponse car on demande aux personnes d’imaginer. On n’interroge pas leurs connaissances. Une bonne manière d’être à l’écoute!
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Le choix du texte descriptif : « Des mots, encore des mots, toujours des mots… »
C’est (enfin) le moment de dire ce que vous avez photographié. Oui vous pouvez tout à fait remettre un peu d’émotions et de surprise. Et cela montrera d’ailleurs votre émotion face à votre image, ou ce que vous avez souhaité susciter. Oui, les chercheur-se-s sont des humain-e-s avec des émotions, faîtes le savoir. Par exemple : « effrayant, n’est-ce-pas? », « surprenant, n’est-ce-pas? », « amusant, n’est-ce-pas? ». Mais rien d’obligatoire à cela, il ne s’agit pas que tous les textes descriptifs soient sur le même format.
Par contre, soyez toujours :
- Efficace. Peu de mots, chaque mot compte. Phrase courte, non inversée (le sujet avant le verbe, lui-même avant le complément, c’est plus facile à lire). Du jargon, du vocabulaire scientifique, oui pourquoi pas, mais uniquement si cela permet de comprendre le sujet scientifique et l’image. Et si vous utilisez du jargon, vous allez devoir l’expliquer. Êtes-vous prêt-e à utiliser votre peu de mots disponibles pour cela? Et on en revient comme souvent à cette question en communication scientifique : qui est votre public? Quelles sont ces connaissances et les mots que vous pouvez utiliser.
- Éclairant-e. Le texte est descriptif par rapport à un phénomène scientifique, ou un résultat, ou une méthodologie, ou un cadre de recherche etc. Mais servez-vous aussi de ce texte pour expliquer la technique que vous avez utilisée pour capturer cette image. Ou pour expliquer pour quelles raisons les couleurs apparaissent d’une certaine manière.
J’aime bien lorsque les chercheur-se-s expriment aussi leur rapport à l’image choisie. Par exemple : « Cette image représente mon quotidien » ou « Cette image montre un moment particulier de ma vie professionnelle (difficile ou joyeux) » ou « Cette image a été faite grâce à un travail d’équipe; cela reflète la recherche scientifique! »
Allez, je vous laisse maintenant cliquer à gauche sur « CRÉDITS » sous l’image pour découvrir ce dont il s’agit. Étonnant, n’est-ce-pas!