« Eaurizon » global

Camille Ouellet Dallaire Université McGill

Il n’y a que de l’eau sur cette carte! En fait, ces lignes minuscules représentent les 24 millions de kilomètres de rivières de la planète. Chaque couleur désigne un type physioclimatique (climat, élévation, topographie), tandis que la largeur du trait exprime l’amplitude du débit. Grâce aux données géospatiales fournies par la télédétection, les chercheurs ont effectué pour la première fois une classification globale des rivières, ce qui permettra, entre autres, de les comparer entre elles. On pourra ainsi mieux évaluer l’impact des infrastructures telles que les barrages, et sélectionner plus adéquatement l’emplacement des aires protégées. Projection cartographique sur la surface d’un polyèdre. Cette projection Fuller présente moins de déformations que d’autres, et représente les continents sous la forme d’une île unique, dans un océan unique - photo issue du concours La preuve par l'image 2015.

Comment faire des sciences ouvertes?

La pandémie de COVID-19 rappelle que la collaboration scientifique est essentielle pour relever les grands défis mondiaux. De façon générale, la pratique d’une science ouverte doit être encouragée. C’est un moyen efficace pour diffuser les résultats de la recherche, autant celle menée en sciences humaines et sociales qu’en sciences naturelles. Encourager une plus grande ouverture des sciences devrait être un projet de société défendu autant par les scientifiques que par les citoyen-ne-s.

À une époque qui semble marquée par la désinformation, les fausses nouvelles et une érosion constante de la confiance envers les institutions, avancer les principes de la science ouverte pourrait aider à renforcer la confiance du public à l’égard des sciences et des scientifiques.

Au juste, qu’est-ce que la science ouverte?

La science ouverte est un mouvement pour promouvoir la collaboration et rendre la recherche scientifique plus accessible et transparente, en permettant un accès plus facile aux publications, aux données ainsi qu’aux autres documents, matériaux scientifiques et logiciels qui sous-tendent la recherche.

Son objectif est aussi de faciliter la participation à la recherche et permettre qu’on en tire des avantages et bénéfices. L’UNESCO considère la science comme un droit humain fondamental. Elle élabore donc actuellement une Recommandation qui définirait des normes convenues au niveau mondial pour la science ouverte.

Les avantages pour la communauté mondiale semblent évidents. Plusieurs se demandent quels sont cependant les avantages de cette ouverture pour les scientifiques et les institutions. Il y a une tendance croissante à abandonner l’utilisation du facteur d’impact des revues pour mesurer la production scientifique. Plusieurs cherchent d’autres moyens pour mesurer l’excellence en recherche, par exemple à partir des recommandations énoncées dans la Déclaration de San Francisco sur l’évaluation de la recherche (DORA), qui valorise la valeur et l’impact de tous les résultats des travaux de recherche, et non pas uniquement les publications scientifiques. Cette Déclaration incite aussi à utiliser des indicateurs qualitatifs pour évaluer les retombées de la recherche, comme l’influence sur le développement des politiques et l’évolution des pratiques. Les scientifiques et les institutions de recherche ont donc intérêt à rendre leur production scientifique facilement accessible à toute personne qui pourrait bénéficier de son utilisation.

Plusieurs moyens pratiques existent pour rendre la science véritablement ouverte. Voici quelques suggestions :

  • Assurez-vous que vos publications dans des revues évaluées par des pairs seront libres d’accès dans les douze mois suivant leur parution. Ciblez si possible les revues qui offrent un libre accès complet ou archivez la version acceptée de votre article ou manuscrit dans un dépôt librement accessible tel que érudit.

 

  • Déposez vos notes de recherche, protocoles, données et codes dans des dépôts de données ouvertes avec des identifiants numériques appropriés tels que The Open Science Framework,  Zenodo, FigshareGitHub, et BitBucket; ou dans des sites de partage de références bibliographiques comme Zotero ou Mendeley. En plus de permettre à d’autres chercheur-euse-s d’accéder à vos recherches, vous encouragerez ainsi de nouvelles collaborations. Vous rendrez également vos ressources accessibles aux scientifiques citoyen-ne-s qui pourraient vouloir exploiter les données ouvertes au bénéfice de la société.

 

  • Invitez les publics à prendre part à vos recherches et à vos processus d’enquête. Cela peut se faire en invitant les gens à participer à la collecte des données ou à la résolution des problèmes. Vous pouvez même inviter le public à vous aider à formuler vos questions et vos hypothèses de recherche, par le biais de programmes tels qu’Accès savoirs. Considérez aussi aider les citoyen-ne-s scientifiques à avoir accès à vos équipements pour effectuer leurs propres recherches.

 

  • Faites des efforts pour atteindre un public plus large. Il existe de nombreuses façons de communiquer les résultats et l’impact de vos recherches. Misez par exemple sur les médias sociaux, les blogues, les balados et l’organisation de « cafés scientifiques ». Informez-vous sur les moyens qui pourraient être mis à votre disposition par vos institutions ou partenaires de recherche. N’hésitez pas à faire appel à vos collègues d’autres disciplines, notamment dans les sciences humaines et sociales et du domaine des communications.

 

  • Rendez les résultats de vos recherches accessibles, y compris pour les personnes non spécialisées qui ont collaboré à vos travaux. Adoptez une approche de communication et de vulgarisation scientifique qui reflète les principes d’équité, de diversité et d’inclusion. Adaptez votre niveau de langage et vos messages à vos divers publics et considérez produire des résumés de vos recherches dans la ou les langues utilisées par les personnes qui en bénéficieront le plus. Trouvez et collaborez avec des organisations spécialisées dans l’accessibilité, par exemple pour aider à diffuser vos recherches auprès des personnes ayant une limitation ou une déficience visuelle ou auditive.

 

Pour en savoir plus – à lire / télécharger :

Vers une recommandation de l’UNESCO sur la science ouverte : Perspectives canadiennes https://fr.ccunesco.ca/-/media/Files/Unesco/Resources/2020/04/RecommandationUNESCOScienceOuvertePerspectivesCanadiennes.pdf